[SORTIE PODCAST] – « Jugeons la justice, pas les femmes », un podcast féministe et concret

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Faire un podcast féministe sur deux thèmes a priori difficile : les violences sexistes et sexuelles d’un côté, et les réalités juridiques des procédures de l’autre. Dans « Jugeons la justice, pas les femmes », l’Association contre les violences faites aux femmes au travail propose une collection de podcasts didactiques pour outiller les femmes qui font face à des violences, mais aussi pour leurs soutiens, où les témoins. Le studio La Houle accompagne l’équipe de l’AVFT dans l’écriture, et porte la réalisation des épisodes.

Au-delà des podcasts de récits, l’utilisation du format pour informer

Le format podcast a prouvé son efficacité pour transmettre de l’information factuelle, des analyses, et pas seulement des récits auxquels on s’attache. Même si les études sur cette question ont encore des échantillons faibles, et des protocoles trop légers pour extrapoler largement, le potentiel du podcast sur la mémorisation est tout de même documenté. Il est notamment utilisé dans certaines académies pour soutenir l’apprentissage des langues.

Sur des sujets pouvant paraître arides, comme le droit, où décourageant comme l’ampleur des violences sexistes et sexuelles, que peut apporter un podcast « pédagogique » ? Une première chose importante, d’abord : le temps pour comprendre. Dans la plupart des enquêtes déclaratives, les auditeur·ices de podcast affirment retenir davantage les informations transmises qu’à l’écrit. À l’écriture, il est donc essentiel de bâtir plusieurs plans sonores pour soutenir l’attention lorsqu’on écoute, mais également de construire des dimensions multiples qui vont constituer autant de canaux de transmission qui vont se soutenir entre eux.

Pédagogique ne veut pas dire absence de récit

Faut-il forcément porter plainte contre son agresseur ? Doit-on toujours prendre le risque de se retourner contre son entreprise lorsqu’on est victime d’une agression ? Sommes-nous obligées de porter plainte pour que notre agresseur soit sanctionné par l’employeur ? Voilà des questions concrètes auxquelles ce podcast féministe tente de répondre tout aussi concrètement.

Dans cette collection, les 15 épisodes de podcast sont structurés pour couvrir le champ de toutes les procédures, approches et stratégies de défense contre les violences sexuelles au travail. Il est ainsi question de procédure pénale, mais également administrative, autant que des marges de manoeuvre au sein des entreprises. Expliquer autant d’éléments dans des contextes différents nécessite une ligne plus didactique que narrative, assumée ici par la voix off.

Les interviews qui sont tissées dans la structure narrative apportent donc une autre dimension, moins descriptive. Mais cette parole des victimes n’est pas illustrative, et n’a pas valeur d’exemple, c’est une parole experte. À travers leurs histoires, les victimes de violences sexuelles racontent la réalité d’une procédure telle qu’elle l’ont vécu. Elles ont aussi beaucoup à transmettre sur ce que ce vécu signifie, et comment elles l’analysent d’un point de vue féministe.


L’AVFT, 40 ans d’engagement féministe

L’association européenne contre les violences faites aux femmes au travail rassemble des juristes, dont l’esprit fondateur fut en 1985 de faire voter une loi reconnaissant et réprimant le harcèlement sexuel. Depuis, l’association a ouvert un accueil téléphonique, reçoit des femmes et les accompagne dans leurs démarches juridiques, administratives, et plus généralement dans leurs parcours.

Le podcast de l’association devait refléter leur réalité qutoidienne : l’articulation du factuel des procédures avec l’analyse féministe. Cette analyse n’est pas un « petit plus », une petite paillette qui donne un peu de lustre : elle fait partie intégrante du propos. Le discours politique féministe peut ainsi prendre toute sa place dans ce format, parce qu’il est important de ne pas avoir peur de « faire peur aux gens » en posant clairement les termes des oppressions systémiques.

Les différentes dimensions de la narration sont là pour que cette analyse ne soit jamais « plaquée », ou superposée au récit, mais en soit une dimension à part entière. Le travail sur le son cherche à souligner, annoter, susciter, sans jamais étouffer où noyer le sens ou la puissance des témoignages forts, ni entrer en dissonance avec le propos tenu.

🔗 Pour aller écouter toute la collection de podcast (attention, TW sur les violences sexuelles)

« Jugeons la justice, pas les femmes », un podcast de l’AVFT, réalisé par le studio indépendant La Houle

Mixage et réalisation : Violette Voldoire (La Houle)
Production, interviews : Tiffany Coisnard, Mathilde Cornette, Laure Ignace, Mathilde Valaize 
Voix-off et écriture : Fatima Balil, Nina Bonhomme Janotto, Tiffany Coisnard, Mathilde Cornette, Mathilde Cornette, Laure Ignace, Johanna Molotoala, Elise Pillet, Camille Thill, Mathilde Valaize, Emmie Zaepffel, Aurore Kessai, Adrienne Kepoura
Identité sonore du générique : Tiffany Coisnard
Identité graphique : Marieke de Bravo Ginette

Les femmes qui ont partagé leurs expertises et leurs histoires :
Caroline Morio, Quitterie, Catherine Le Maguerresse, Elodie Tuaillon Hibon, Aïssazamb, Kenza, Nina, Catherine, Mélissa, Anaïs, Eva Biotti, Nina Ventura, Fabienne, Angélique, Marjolaine Vignola, Anne, Sabrina

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